Newsletter – Mai 2011
Résurgence des activités de M&A : un moment de vérité pour le secteur du private equity
Malgré les incertitudes qui demeurent au cœur de la zone Euro et l’hypothèque du « printemps Arabe » sur le prix des hydrocarbures, la reprise des affaires semble se poursuivre pour le secteur des fusions et acquisitions.
Cette reprise est essentiellement conduite par les entreprises qui avaient maintenues des niveaux de liquidités importants et utilisent aujourd’hui ces moyens pour générer de la croissance externe.
Les acteurs du private equity participent aussi à ce mouvement de relance des activités de « M&A ». Pour le secteur du private equity dans son ensemble, cette reprise des activités se fait cependant dans un contexte particulier. D’une part, les derniers « millésimes » significatifs, ceux qui ont immédiatement précédés la crise, se caractérisent par des acquisitions très onéreuses dont il sera difficile de tirer des résultats positifs. D’autre part, malgré la reprise économique, les efforts pour lever des fonds ne connaissent qu’un maigre succès et les acquisitions se réalisent essentiellement au moyen de fonds levés peu avant la crise, et qui n’avaient pas encore été investis.
La performance des investissements réalisés pour les « millésimes » de cette période de reprise sera donc fondamentale pour restaurer pleinement la confiance dans ce secteur clé du financement des entreprises qu’est le private equity. Pour générer cette performance dans les années à venir, les acteurs du secteur ne pourront plus compter sur la croissance économique robuste qui a caractérisé les années précédant le choc de fin 2008. De plus, force est de reconnaître que les deux piliers qui ont servis à fonder la réputation de surperformance du secteur depuis plusieurs décennies – la focalisation sur le cœur de métier et l’utilisation du levier de la dette appliqués aux sociétés en portefeuille – ne sont plus aussi efficaces dans la mesure où ils ont été largement intégrés aux pratiques de gestion de la plupart des entreprises.
La performance du secteur du private equity dans les années à venir est donc plus incertaine qu’elle ne l’était auparavant. Pour se distinguer parmi leurs pairs et générer le niveau de performance attendu, les acteurs du secteur, devront plus que jamais viser l’excellence dans tous les aspects de la gestion de leur portefeuille et ceux-ci sont nombreux. Nous mettrons donc ici en évidence deux thématiques qui auront une influence très significative sur la performance du secteur.
La première est la minimisation de ce que l’on pourrait appeler le « time to full execution mode », c’est-à-dire le temps qu’il faut pour que l’entreprise acquise soit en position de pleinement mettre en œuvre la stratégie qui aura été définie avant la clôture. En effet, des hypothèses inexactes sur le mode de fonctionnement concret des entreprises acquises entraînent souvent, et au mieux, des retards conséquents dans la mise en œuvre effective du plan qui doit amener l’entreprise à augmenter sa valeur, et cela provoque un effet durablement négatif sur la performance de l’investissement. Ces retards sont toujours causés par l’incapacité d’une partie de l’organisation de l’entreprise à délivrer des résultats qui étaient pourtant considérés comme allant de soi.
La seconde thématique est celle de la maximisation de la vigilance active portée au fonctionnement de l’entreprise de son acquisition à sa cession. La rapidité de l’évolution de l’environnement et des contraintes dans un contexte globalisé peut en effet aisément mettre à mal une entreprise et sa capacité à générer de la valeur pour ses actionnaires.
Traiter de ces deux thématiques, c’est parler de la valeur de l’entreprise. Malgré les faits qui depuis longtemps démontrent que la valeur d’une entreprise réside très largement dans ses avoirs intangibles (par opposition aux avoirs qui sont visibles dans les états financiers), les débats sur la création de valeur au sein d’une entreprise demeurent curieusement scindés en deux dimensions qui ne se touchent guère. Les considérations « financières » et « stratégiques » d’une part, plus strictement réservées aux débats du conseil d’administration. Et la qualité de la gestion de l’entreprise d’autre part, considérée comme d’ordre purement « opérationnel », domaine réservé du conseil de direction. Or la valeur de l’entreprise, déterminée par ses avoirs intangibles, est avant tout un concept dynamique qui doit absolument être traité de manière intégrée.
Dans ce contexte c’est en surenchérissant sur une de leurs compétences clé, celle du diagnostic d’entreprise que les acteurs du private equity pourront consolider la réputation de ce secteur. Comme nous l’avons vu, ce travail débutera pour chacun dès avant l’acquisition effective de l’entreprise, et se poursuivra, en cohérence avec les premières analyses, tout au long de la vie de l’investissement.