Conférence Philipe Jabre – « Investissements alternatifs : enjeux et perspectives »
Philipe Jabre – « Investissements alternatifs : enjeux et perspectives »
Vous trouverez ci-dessous un compte rendu de la conférence. Nous avons également reporté sur notre site Internet www.eb-advisory.com les articles publiés par la presse relatant cette conférence. Nous vous en souhaitons une bonne lecture et dans l’attente de vous revoir prochainement nous vous adressons nos salutations les plus cordiales.
Edgar Brandt Advisory SA
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sur le thème :
« Aujourd’hui, on ne parle plus de gérants de portefeuilles. On parle de hedge funds », indique Philippe Jabre. La gestion alternative s’est fortement développée suite à l’explosion des flux financiers durant les années 80. La restructuration de l’économie générée par la crise de la bulle Internet des années 2000 ainsi que la forte augmentation des liquidités ont accentué ce phénomène. Cependant, seul le succès financier permet l’existence des hedge funds par rapport à la gestion traditionnelle. Si les hedge funds qui dépendent d’une banque peuvent se permettre de survivre à des pertes allant jusqu’à 44 %, l’actualité nous l’a montré récemment, un hedge fund indépendant ne pourra jamais supporter plus de 20 % de perte.
L’Individualité comme recette de succès
La gestion alternative permet l’émergence des talents, la valorisation de l’individualité et la flexibilité des investissements. Les gérants traditionnels opérants dans les banques sont étouffés par le poids de l’administration et l’inertie de l’institution qui n’offre pas suffisamment de liberté à l’individualité et à l’initiative. En effet, « [ils] passent près de 70 % de leur temps à expliquer leurs stratégies devant divers comités ». Le manager d’un hedge fund indépendant n’a quant à lui que son client comme interlocuteur, et le succès comme règle absolue.
Concentration, croissance et régulation
Le nombre de hedge funds actifs sur le marché est croissant. Cependant la tendance actuelle est à la concentration. Parmi les milliers de fonds existants, 25 d’entre eux détiennent 65 % du capital sous gestion, soit plus de 500 milliards de dollars, dans un marché qui augmente de 60 milliards de dollars chaque année. La forte croissance des hedge funds pousse à une plus grande régulation du secteur, non seulement au nom de la protection des investisseurs mais également afin de protéger les fleurons économiques de prises de contrôle risquées (leverage). Cependant, si la régulation est nécessaire, elle reste difficile à imposer du fait de la haute compétitivité existant entre les différentes places financières.
La transparence, oui, mais pas trop
Dans leur dialogue avec leurs clients et partenaires, les hedge funds doivent faire preuve de transparence. Cette transparence ne peut se faire que sur la nature des risques encourus et non sur les éléments qui individualisent la performance. En effet, comme tous les acteurs s’observent, le danger d’une trop grande transparence réside soit dans l’amplification des mouvements du marché, si les acteurs suivent un hedge fund particulièrement performant, soit dans une stratégie contraire, où les acteurs jouent contre la stratégie du hedge fund.
Les hedge funds en Suisse
Pour attirer capital et spécialistes, il est nécessaire d’adopter une approche pragmatique. C’est le cas de la City dont la politique reste un modèle. Si la Suisse doit encore faire des progrès en matière de politique fiscale, de législation et de permis de travail, force est de constater que sa place financière est particulièrement compétitive et qu’elle possède une très grande compréhension de l’activité des hedge funds. C’est une des raisons qui a poussé Philippe Jabre à s’établir à Genève en début de cette année.
Une crise financière ? Pas pour tout le monde
La crise de cet été est d’ordre bancaire. Sa conséquence directe est la diminution de la liquidité. En baissant de 50 points de base son principal taux d’intérêt directeur, la Fed n’a créé qu’un effet de liquidité à court terme, permettant néanmoins aux acteurs de sortir de leurs positions. Philippe Jabre insiste sur le fait que la crise n’est pas terminée. Avec le risque inflationniste, la Fed n’aura bientôt plus de marge de manoeuvre. De plus, si la prochaine administration américaine diminue les dépenses et augmente les taxes, la diminution des liquidités s’en fera plus fortement ressentir. Les conséquences seront une restructuration et une rationalisation du marché et de ses acteurs, et le commencement d’un nouveau cycle financier développant ses propres véhicules et modèles de risques.
Philippe Jabre n’est cependant pas inquiet pour les opportunités d’investissements. Il observe avec une attention toute particulière la Chine qu’il considère comme très prometteuse. Contrairement aux pays de l’OCDE, l’économie réelle y dépasse de beaucoup l’économie financière. Si la crise des subprimes s’est exprimée dans l’économie réelle occidentale, on le constate en observant les queues devant les succursales de la Northern Rock, le rattrapage de la finance sur l’économie réelle chinoise promet des performances fantastiques.
Genève, le 3 octobre 2007